vendredi 17 octobre 2014

Popular Problems de Léonard Cohen : Le maître.

Popular Problems de Léonard Cohen : Le maître.
Le poète canadien est en pleine forme ! Malgré ses 80 printemps Léonard Cohen revient inspiré pour un treizième album d'une réelle beauté. Chamau a lui aussi été ému, voici sa modeste chronique.








Chamau
Pour commencer, j'aimerais parler de la fin. Comment conclure ? Conclure un parcours aussi singulier que celui de Léonard Cohen, poète de la chanson, mélancologue musicale ? A-t-il, vraiment, envie de conclure ? Inlassable, il revient, à plus de quatre-vingts ans, nous conter ce qui l'agite et qui peut-être nous agite, ses Popular Problems... Son treizième album n'a peut-être pas été construit comme un testament tant il est vivant et ancré dans la réalité de notre époque, mais il est sans aucun doute un miroir de ce qu'a été ses obsessions, son univers : un peu triste, un peu blues, parfois mystique, romantique toujours. Produit par Patrick Léonard (avec qui il a longtemps travaillé), Popular Problems est un album court, condensé et d'une grande élégance.

« I'm slowing down the tune/ I never liked it fast/ You want to get there soon/ I want to get there last/ It's not because/ I'm old It's not the life/ I led I always liked it slow/ That's what my momma said » Slow – Popular Problems – Léonard Cohen

L'album démarre sur une éloge à la lenteur (Slow). Qui de mieux que Cohen pour porter en étendard une vertu si loin de notre siècle ? Au delà de ce qui pourrait être un exercice de style la chanson sait être sinueuse, profonde avec ses chœurs de femmes délicieusement surannés. C'est la pâte du maître. Un maître qui accuse le poids des ans : il chante moins, parle davantage avec une voix toujours plus rauque. Certains dirons qu'il s'agit d'un frein à l'écoute... Ils n'auront pas tout à fait tord, Mais s'arrêter à la voix serai vraiment passer à côté de la grande beauté du disque. Non, Popular Problem n'est pas un disque accessible. Il faudra a force d'écoute en déceler toute la richesse, mais l'effort que vous y mettrez sera récompensé. Il y aura cependant des chansons qui parlerons tout de suite aux amateurs du chanteur : Almost Like the Blues,  tragique tout en apportant une certaine touche de dérision, pleine de portes d'entrée et de sortie  est une chanson de haute tenue. Un titre qui reste dans la lignée du disque qui abordent tout les sujets avec cette même mélancolie élégante, cette même rigueur formelle.

« I saw some people starving/ There was murder, there was rape/ Their villages were burning/They were trying to escape/ I couldn’t meet their glances/ I was staring at my shoes/ It was acid, it was tragic/ It was almost like the blues/ It was almost like the blues/ I have to die a little between each murderous plot and when/ I’m finished thinking/ I have to die a lot/There’s torture, and there’s killing and there’s all my bad reviews/The war, the children missing, lord/ It’s almost like the blues (x2) » Almost Like the Blues – Popular Problems – Léonard Problems

Mais de quoi parle-t-il ? D'amour certes, de foi aussi avec le recul et l'ironie qu'on lui connaît. L'artiste n'esquive pourtant pas des thématiques plus graves comme dans Sanson in New Orlean, ou il évoque l'ouragan Katrina (
avec les références bibliques si chères à Cohen) mais aussi de la guerre et du terrorisme. Un album en plein dans notre temps et qui contraste pourtant avec le long accouchement de chacune des chansons : les magnifiques Nevermind et surtout Born in Chain ont été fignolés et/ou laissé de côté respectivement pendant 15 et 25 ans. Tout comme A Street, remarquable chanson sur les événements du 11 septembre qui aura maturé pendant plus de dix ans. Ce lent processus permet justement au disque de ne jamais tombé dans le pamphlet anxiogène, en sort au contraire une lumière, une lueur apaisante... la lueur d'une certaine sagesse face à la surinformation, l'hypocrisie et la mise en scène que les médias ont fais de ces événements. Comme si, à notre siècle de pure agitation Léonard Cohen apportait sa vision non seulement artistique mais aussi humaine : face aux difficultés, a ces Popular Problems, il faut avoir le recul, poser les choses, être dans l'exactitude et non dans la précipitation. Prendre le temps en vérité...

« I've heard the soul unfolds/In the chambers of its longing/ And the bitter liquor sweetens/ In the hammered cup/ But all the Ladders of the Night have fallen/ And darkness now/ To lift the Longing up/ Word of Words/ And Measure of all Measures/ Blessed is the Name/ The Name be blessed /Written on my heart In burning Letters/ That's all I know/I cannot read the rest » Borin in Chain – Popular Problem - Léonard Cohen »

Il s'agit là d'un album inspiré comme on l'espérait de Léonard Cohen depuis longtemps. Intelligent, doux-amer et d'une profondeur hors du commun. Cohen est-un grand, mais a-t-il fini de chanter ? Pas sur, tant il apparaît en forme, éclairé... Et éclairant. Léonard Cohen aura toujours à dire, il dira peu mais bien, régnant en grand sage de la folk-song. Comment conclure une critique sans en dire trop ? Conclure sans minimiser le grand artiste que l'on a écouté ? L’honorer ? L'applaudir... L'applaudir très lentement.

8/10

Chamau

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2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Vaste programme... Ne te réjouis pas trop vite je fais Jean-Louis Murat la semaine prochaine ;)

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